Eleanor venait de pénétrer dans l’amphithéâtre du lycée. Elle partit s'installer au premier rang, elle déposa son sac sur un siège puis s'installa sur celui-ci d'à côté. Elle avait croisé les jambes et tripotait ses mains nerveusement. Son regard était accroché à la porte d'entrée, elle espérait qu'il n'ait pas oublié leur rendez-vous qu'elle lui avait donné il y a trois jours. L'amphithéâtre était vide, la journée était terminée, tous les élèves s'étaient empressés de quitter la classe afin de sortir le plus rapidement possible du lycée, à croire que c'était une prison et qu'il fallait vite s'en échapper. Elle retint son souffle lorsqu'elle entendit la porte d'entrée claquer. Elle se leva de son siège, son cœur commençant à battre rapidement quand elle l’aperçut, il venait d'entrer. Il s'approcha d'elle et lui fit son plus beau sourire, le même sourire qui l'avait fait craquer le premier jour. Elle ne pouvait pas résister et sans perdre un instant elle couru se jeter dans ses bras. Leur étreinte dura quelques minutes, tous les deux semblaient ravis de pouvoir à nouveau se toucher, sentir l'odeur de l'autre. A contre cœur, Eleanor se détacha de son emprise et vint déposer ses lèvres sur les siennes, retrouvant la douceur de ses lèvres qui lui avait tant manqué. Ce fut Nicolas qui coupa court au baiser, le souffle coupé. Il baissa la tête et posa son front contre celui de la demoiselle. Un sourire vint se placer sur leurs visages, ils étaient heureux de se retrouver. Ils se regardaient dans les yeux et ce fut Eleanor qui vint rompre le silence. « Tu m'avais tellement manqué Nicolas... » Le sourire de ce dernier s'élargit encore plus à l'entente des paroles de sa petite-amie. Il posa sa main sur sa joue et la caressa tendrement. « Toi aussi Eleanor. » Le jeune homme attrapa la main de la demoiselle et l'entraîna vers les sièges. Eleanor reprit la même place que tout à l'heure, tout en gardant la main de Nicolas dans la sienne. La jeune femme semblait épuisée de cette relation cachée et Nicolas le remarqua bien assez tôt. Il prit place à côté de la jeune femme et de sa main il tourna le visage d'Eleanor vers lui, puis il plongea son regard dans le sien. « Je déteste te voir dans cet état par ma faute, je te l'ai déjà dit je suis prêt à tout dévoiler. Je sais que ça me coûtera mon travail, mais au moins on ne sera plus obligé de se cacher. » Eleanor soupira. Il avait raison, ça lui coûterait son travail, car une relation élève/professeur était a exclure et c'est pourtant bien ce qu'étaient en train de vivre les deux jeunes gens. Eleanor était une lycéenne de seize ans tout à fait ordinaire, elle avait des amis comme tout le monde, mais pas de petits-amis, pourtant ce n'était pas les prétendants qui lui manquaient. Elle plaisait à beaucoup de garçon, mais Eleanor n'avait encore jamais eu le coup de foudre, jusqu’à ce qu'un nouveau professeur face son entrée. Nicolas venait d'arriver au lycée en tant que nouveau professeur de français. Il avait vingt-deux ans et venait de terminer ses études et avait décrocher son diplôme pour être professeur, il avait sauté deux classes ce qui lui avait permis de terminer ses études plus tôt. Il était venu vivre à New York, étant donné qu'il avait également une licence en langues, il avait choisi cette grande ville pour commencer son métier. Il était célibataire et ne s'attendait pas à rencontrer l'amour aussi vite et surtout avec une personne comme elle. Durant son premier cours, Nicolas avait croisé le regard d'Eleanor et c'est à partir de ce moment là que tout avait commencé. Dès lors ils étaient devenus proches, Eleanor restait à chaque fin de cours, prétextant une excuse bidon pour pouvoir parler avec son professeur. Et au fil du temps, leur relation s'était approfondie, ils s'étaient beaucoup rapprochés jusqu'à ce que Nicolas face le premier pas et l'embrasse. Il aurait dû regretter son geste, embrasser une élève était une chose totalement inappropriée, mais il n'avait eu aucun regret, bien au contraire il en était heureux car il savait qu'à ce moment là, il avait trouvé l'amour. « Tu aimes trop ton job pour ça Nicolas, je le sais. Puis, nous n'avons plus que quelques mois à tenir et je serai enfin libérée de ce statut de lycéenne et on pourra enfin vivre notre amour au grand jour. » Nicolas ne put s'empêcher de sourire. Il aimait tellement cette facette d'Eleanor, quoi qu'il arrivait elle gardait le sourire et restait optimiste, il faut bien que dans un couple il y est une personne optimiste et dans le leur c'était Eleanor. Il se rapprocha alors de sa bien-aimée et l'embrasse doucement. Une fois le baiser rompu, il plongea à nouveau son regard dans le sien et à chaque fois, il était hypnotisé par ses magnifiques yeux. « Je t'aime tellement Eleanor. » La demoiselle lui fit un de ses plus beaux sourires et et attrapa ses mains. «Je t'aime aussi Nicolas. »

Eleanor était installée dans son canapé. Les lunettes sur le nez, ses cheveux attachés en une queue de cheval, elle portait un simple jogging avec un débardeur. Aujourd'hui, c'était dimanche et comme chaque dimanche, la demoiselle profitait de sa journée de repos pour se reposer chez elle tranquillement. Aujourd'hui, elle ne sortait pas alors elle n'avait pas pris la peine de se maquiller et avait enfilé les premiers vêtements qui lui passaient sous la main. Elle avait cherché un livre pendant quelques minutes avant de prendre place sur le canapé, et la voici maintenant, les yeux plongés dans sa lecture. Eleanor ne remarqua même pas que Mason, son mari était rentré et c'est seulement quand elle sentit deux mains se poser sur ses épaules qu'elle s'en rendit compte. Elle sursauta d'abord et se mit à crier avant de se retourner vers Mason et de découvrir qu'il s'agissait seulement de son mari. Ce dernier ne put s'empêcher de partir dans un fou rire quant à la réaction de sa femme et celle-ci fit sembler de bouder et se retourna pour continuer sa lecture. Mason arrêta soudain de rire et vint prendre place à côté de sa bien aimée. Il poussa les jambes de la jeune femme, s'installa puis les reposa sur ses propres genoux. Son regard se posa directement sur le visage Eleanor et un sourire fendit son visage quand il remarqua l'expression boudeuse qu'elle abordait. Mason approcha son visage du sien, voulant déposer ses lèvres sur les siennes, mais la jeune femme en avait décidé autrement puisqu'elle se leva rapidement du canapé et se dirigea vers la cuisine. Le jeune homme poussa un soupir et se leva à son tour, suivant sa femme jusqu'à la cuisine. Elle était dos à lui, préparant une tasse de thé. Il sourit face à cette vue, elle adorait le thé et elle s'en faisait une tasse tous les jours. Il s'approcha d'elle et vint enrouler sa taille de ses bras, puis il posa sur menton sur son épaule avant de déposer un léger baiser dans le cou de la jeune femme. Cette dernière ne réagit même pas et continua de préparer sa tasse de thé, sans se préoccuper de Mason. Ce dernier s'impatienta et il se décida enfin à rompre le silence. « Tu vas vraiment me faire la tête pour si peu ? » La jeune femme sourit quand elle entendit la voix de son mari résonner dans la cuisine. Il avait craqué en premier et elle en était fier, elle adorait le taquiner et le faire tourner en bourrique, alors dès qu'il faisait un petit truc de travers elle faisait mine de bouder et ça marchait toujours, car Mason finissait toujours par s'excuser. « Oh, tu sais que je ne voulais pas te faire peur ma puce. Allez, regarde-moi, s'il te plaît, je t'en supplie. » Eleanor pouffa discrètement devant les supplications de son mari, puis elle décida enfin de se retourner vers lui, affichant un sourire radieux sur son visage, ce qui réchauffa le cœur de son mari. La jeune femme s'approcha de lui et passe ses bras autour de son cou. « Tu sais que je déteste quand tu me fais peur. » Mason hocha doucement la tête et put enfin venir poser ses lèvres sur celle de la jeune femme. Cette dernière se laissa faire et ils échangèrent un baiser fougueux avant que la demoiselle se détache de lui pour retourner préparer son thé. Mason lâcha d'ailleurs un léger soupir quand il sentit le corps de la jeune femme se détacher du sien, mais il la laissa faire. « Et ta journée, ça a été sinon ? » La voix d'Eleanor résonna dans la cuisine et Mason se tourna vers elle bien qu'elle était de dos. Si sa journée avait été ? Le jeune homme était habitué à cette question, elle revenait souvent, tous les soirs à vrai dire et à chaque fois il répondait la même chose. « Comme hier, ça n'a pas changé tu sais. » La demoiselle hocha la tête à la réponse de son mari, elle ne savait même pas pourquoi elle avait posé cette question, étant donné qu'elle savait la réponse, mais c'était devenue comme une routine alors elle continuait malgré tout. Eleanor mit son thé à chauffer et se retourna vers son mari qui la regardait. Il se rapprocha d'elle et attrapa son visage entre ses mains avant de plonger son regard dans le sien. « Je t'aime tellement Eleanor. » Cette dernière hocha la tête et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de plonger sa tête dans le cou du jeune homme. Pas de « moi aussi je t'aime. ». Elle ne lui avait jamais dit, en deux ans de relation elle n'avait jamais été capable de lui dire un simple « je t'aime » et à force Mason avait fait avec, il se disait qu'elle devait avoir ses raisons et il ne voulait pas la forcer. Elle avait déjà accepté de l'épouser, pour Mason, c'était suffisant. Eleanor avait en effet ses raisons et si elle était incapable de lui dire un simple « je t'aime » c'est parce que ces quelques lettres étaient destinées à une autre personne, une personne qu'elle n'avait jamais oublié et qu'elle n'oublierait jamais. Mason avait réussi à combler une part de ce manque, mais malheureusement la plaie était encore entrouverte et il n'y avait qu'un seul homme qui pouvait la cicatriser entièrement et cet homme, n'était malheureusement pas Mason.