+ I FELL APART, LET'S MAKE A NEW START.Annabeth n’était pas une enfant désirée. Difficile pour un enfant d'entendre qu'il était pas voulu. En temps normal, la plupart des femmes l’auraient fait adopter en accouchant sous X. Mais pas la mère de Annabeth. Ayant eu son bébé à l’âge de seize ans, d’un père qui n’était qu’une aventure –du moins c’est ce qu’elle disait–, ce sont ses grands parents qui l’ont élevé. Lana Gallagher n’était pas prête à assumer son bébé, même si elle l’aimait de tout son coeur. Alors la petite fille passait son enfance à croire que sa mère était partie pour son travail. En bas âge, on ne se rend pas compte de la signification de certaines paroles. Ce n’est que lorsque Annabeth avait sept ans, qu’elle récupéra sa fille. Elle lui expliquait que tout ce qu’elle avait fait c’était pour elle, pour son bonheur. Après tout, on peut faire avaler n'importe quoi à une enfant, n'est-ce pas ?
« Et voici une toute nouvelle recrue venue directement d’Atlantic City dans l'Etat du New Jersey. » S’exclamait un animateur d’un site internet de sports extrêmes qui, chaque année, couvrait ce festival international.
« En effet Max. Cette jeune demoiselle âgée seulement de 18 ans pratique le roller agressif depuis deux ans déjà et s’essaye désormais à un niveau professionnel. Faites du bruit pour Annabeth ! » Continuait son partenaire. La jeune brune, quelque peu stressée dans l’attente du départ de sa performance, inspirait et expirait lentement pour se consacrer sur son parcours qu'elle allait réaliser. C’était la première fois qu’elle participait à un concours international et qu'elle se risquait à entamer une carrière professionnel. Bien évidement, sa mère n’était pas au courant de son passe-temps favori. Au top départ, Annabeth s’élançait sur la rampe et commençait sa prestation, utilisant les différents obstacles et mettant en pratique les figures qu’elle maitrisait.
« C’est énorme ! Pour quelqu’un qui débute dans le niveau professionnel, ça sent le talent ! » S’écriait un animateur. Bien évidemment, ce n’était pas suffisant pour atteindre le top du classement. Mais elle se hissait tout de même à la 7ème place.
Sa carrière était belle et bien lancée.Chaque soir, Annabeth faisait le mur pour aller s’entrainer dans le skate parc de la ville, essayant encore et toujours de maîtriser des figures de plus en plus risquées. C’était devenu sa passion. Annabeth avait enfin trouvé un domaine où elle avait énormément de talent, où elle excellait, même si elle devait le cacher à sa mère puisqu'elle ne l'aurait jamais accepté.
+ SEE MY EYES, I'VE FALLEN FOR YOU. « Tu te souviens du jour où on s'est rencontré ? » Questionnait Annabeth. Assise avec Julian contre le tronc d’un arbre en plein milieu d'un parc du centre ville d'Atlantic City, leurs mains se rencontrèrent et la jeune brune, âgée de dix neuf ans à cette époque, avait la tête déposée sur son torse. Ils regardaient tout deux le ciel dégagé tout en jouant avec leurs doigts, Julian lui déposant de temps à autre quelques baisers sur la tempe.
« Je n'ai jamais été aussi content d'être renversé par une voiture. » Riait-il. Annabeth l'accompagnait dans son rire. En effet, un an plus tôt, la jeune brune se promenait dans la ville après avoir pris la voiture de sa mère suite à une énième dispute. Tellement énervée et les larmes aux yeux, elle n'a pas fait attention au jeune homme qui traversait la route. Par chance, elle ne roulait pas vite et le jeune homme n’eut aucune blessure grave, mis à part un bras cassé qu'il fallait opérer. S'en voulant horriblement depuis ce jour, Annabeth laissait ses doigts glisser sur la cicatrice de l'avant bras de Julian.
« Je ne t'en veux pas. Elle me rappelle chaque jour à quel point je peux t'aimer. » Lui murmurait-il.
Il avait toujours les bons mots.« Merci de m’avoir invité à votre repas Madame Gallagher et félicitation pour votre récompense. » Remerciait Julian d’une voix polie. Tenant la main de Annabeth, cette dernière affichait un tendre sourire sur ses lèvres, heureuse de voir que sa mère acceptait son petit ami, malgré qu'il ne soit pas du même "monde". La jeune brune redoutait depuis tellement longtemps ce moment où elle allait le présenter à sa mère. Si ce jour était arrivé, c'est qu'il comptait énormément. En guise de réponse, Madame Gallagher inclinait légèrement la tête, signe qu’elle tolérait sa présence à ce dîner. Toujours silencieuse, elle tendit son bras en direction de la table pour les inviter à s’asseoir. Les deux amants se sont mis l’un à côté de l’autre, Julian étant à gauche de l’hôtesse de maison. La table accueillait des investisseurs de la société de Madame Gallagher qui fêtaient, une fois de plus, la récompense pour ses dons envers des organismes humanitaires. Au cours du repas, une certaine gêne s’installait chez le jeune homme que Annabeth remarquait assez rapidement. La demoiselle avait pris l’habitude de ses repas où elle devait se tenir comme une fille modèle, en admiration devant sa mère. Alors, pour le soutenir, elle passait sa main sur la cuisse de Julian qui fut rapidement rejoins par la sienne.
« Julian, aurais-tu l’amabilité de venir m’aider en cuisine ? » Demandait Madame Gallagher. Bien qu’un peu surpris, il acquiesçait tout de même et s’en allait dans la pièce d’à côté en sa compagnie. S’avançant vers les plats, il ouvrit la bouche pour dire ce qu’il pouvait faire mais la mère de Annabeth lui tendit une enveloppe.
« Il y a 5 000 dollars à l’intérieur. Prends-les et ne revois plus ma fille. Elle n’a pas de temps à perdre en fricotant avec des garçons de ton genre. Il me semble que ta grand-mère est malade, n’est-ce pas ? Alors faits bon usage de cet argent. » Annonçait-elle de son sourire hypocrite. Julian restait sans voix pendant quelques secondes, sous le choc d’une telle haine. La mère qui accepte le petit ami fauché de sa fille était trop beau pour être vrai. En effet, sa grand-mère ne pouvait pas s’offrir les soins médicaux suffisant mais son amour pour la jeune brune qu’il pouvait voir à travers la porte mal fermée le fit grandement hésiter. Pouvait-il renoncer à elle, renoncer à l'amour, à la femme qu'il considérait être celle de sa vie ? Il ne voulait pas. Il ne voulait pas tourner le dos au bonheur car elle était la seule qui le rendait heureux. Mais c’est le coeur serré et la gorge nouée que le jeune homme prit l’argent.
« Tu as fait le bon choix, petit. » Lui lançait-elle, l’air triomphant avant de retourner auprès de ses invités. Il ne pouvait pas laisser sa grand-mère malade alors qu'il avait l'opportunité de lui offrir les moyens nécessaires pour se soigner. Cette femme qui l'avait élevé, il ne pouvait pas l'abandonner. De la cuisine, il pouvait entendre :
« Julian a dû partir, veuillez l’excuser. Il ne s’est pas senti très bien. » Il a regardé une dernière fois le visage de Annabeth avant de franchir la porte pour ne plus jamais la revoir. Seulement, Annabeth n'a jamais été au courant de cette histoire.
« Annabeth, il est parti. » Annonçait son amie. Devant cette nouvelle, la jeune brune de vingt-et-un ans n’a pu ajouter un seul mot. Ses lèvres se sont entrouvertes, n’étant plus capable de retenir ses muscles. Ses bras se laissèrent tomber le long de son corps et son regard se perdit dans le vide. Il était parti, sans même lui annoncer. Il était parti, on ne sait où mais il n’était plus là. Il n’était plus à ses côtés. Il l’avait abandonné. Elle ne disait mot, elle ne bougeait pas. Comme absente, les minutes s’envolèrent comme il s’était évaporé. Annabeth venait de comprendre qu’elle l’avait perdu. Elle sentit son coeur se resserrer, s’assécher et se briser pour finir comme poussière. Ca faisait mal. Elle n’avait jamais ressenti cette douleur auparavant. Celle qui prend du plus profond de soi, celle qu’on voudrait éloigner, celle qu’on voudrait arracher. Son souffle se faisait plus lourd et, sans s’en rendre compte, des larmes perlées ses yeux. Elles roulaient le long de sa joue pour venir s’écraser sur le sol et gelées sous la température de l’hiver qui trônait à Atlantic City dans le New Jersey. Le ciel était blanc, annonciateur de neige. Les premiers flocons commencèrent à tomber et la magie de cet instant, elle n’avait pas le coeur à en profiter. Il n’y avait aucune pensée dans son esprit, mis à part le visage de l’homme qu’elle aimait depuis deux ans s’effacer petit à petit comme un souvenir qui se perd avec le temps. Elle pleurait silencieusement comme son amour qu’elle devait à présent taire à jamais. Elle n’aurait jamais pensé que tomber amoureuse pouvait être dévastateur et rendre une personne aussi inerte. C’était la fin. La fin de sa belle histoire. Un premier grand amour. Julian était parti et avec lui,
son coeur.+ HERE I AM, WILL YOU SEND ME AN ANGEL.« Pour ceux qui viennent de nous rejoindre, vous avez raté l’incroyable figure de Annabeth Gallagher qui remporte pour la deuxième année consécutive le titre de championne du monde de roller agressif ! » S’enthousiasmait un des commentateurs. Annabeth les rejoignait sur l’estrade qui donnait une magnifique vue sur tout l’étendu du festival de sports extrêmes qui se déroulaient à New York cette année. A vingt deux ans, Annabeth était couronnée championne du monde de roller agressif pour la deuxième fois. Bien qu’elle soit très heureuse d’avoir remporté la compétition, la tristesse prenait le dessus en pensant qu’elle n’avait plus personne avec qui partager son bonheur. Ca faisait un an que Julian était parti et sa mère n’était toujours pas au courant de cette activité assez spéciale et peu commun pour une demoiselle. Elle se retrouvait à chaque fois toute seule et personne de proche à qui en parler. Après tout, Annabeth ne voulait pas prendre le risque que ça arrive aux oreilles de sa mère, de peur de sa réaction.
Elle avait bien des raisons de la craindre. Le jour où Madame Gallagher a apprit par l’un de ses investisseurs que sa fille pratiquait un sport extrême, une violente crise s’en suivit. Annabeth n’a jamais eu le droit de retoucher à une paire de rollers.
« Maman ! Je ne veux pas me marier avec lui ! Je ne le connais même pas ! » Hurlait Annabeth. La jeune brune était rouge de colère. Revenant d’une soirée de gala avec les investisseurs de l’entreprise de sa mère, la jeune demoiselle vêtue d’une robe de soie rouge jetait son sac à main de toutes ses forces sur le divan du salon.
« Je t’en pris Annabeth. Tu pourrais faire connaissance avec lui, je suis sûre que c’est un jeune homme tout à fait adorable. » Tentait de lui expliquer Madame Gallagher. En effet, lors de cette soirée, Lana avait présenté à sa fille le jeune homme d’un de ses puissants associés et homme d’affaires important qui possédait bon nombres d’entreprises dans tous les Etats-Unis.
« Tu veux que je renonce à l’amour ? Tu ne veux pas me laisser ma chance de tomber amoureuse et de passer le restant de ma vie avec l'homme que j'aurais choisi ? » Lançait la brune, au bord des larmes. Sa mère avait décidé de beaucoup de choses dans sa vie. De ses fréquentations, de ses études jusqu’aux vêtements qu’elle portait.
« J’ai toujours tout fait selon ton désir. Ne m’oblige pas à être dans un mariage arrangé… » Finissait-elle par supplier. Les larmes ont finis par couler. Annabeth ne pouvait pas y croire. Elle savait que sa mère dicter sa vie par rapport à son travail et à l’image qu’elle souhaitait donner de la famille Gallagher. Mais jamais elle n’aurait pensé que sa mère aurait été capable de lui imposer un homme, un mari, un engagement à vie.
« Chérie, son père m’a fait une offre en Arizona. L’entreprise va très mal en ce moment… Nous risquons de tout perdre. Ton mariage avec son fils permettrait de nous élever en position d’élite de la société et notre société reprendrait un nouveau élan en saurant faire face à la compétitivité. Ma belle petite fille… » Commençait-elle en passant sa main sur sa joue, le regard remplie de tendresse. Maintenant, c’est Lana qui suppliait sa fille du regard. Voir sa mère dans un tel état brisait le coeur de Annabeth. La belle brune ne savait plus rien. Devait-elle renoncer à la chose à laquelle elle inspirait tant, l’amour, ou au bonheur de sa famille, de sa mère ? Dans un souffle, elle répondit :
« Il ne va pas me battre au moins ? » Dans un rire de soulagement, Lana prit sa fille dans ses bras. Elle la serrait si fort, ne pouvant la remercier de ce qu’elle venait de faire.
« S’il te fait du mal, je m’occuperai personnellement de son cas mon bébé. » Murmurait-elle. En réalité, l'idée de ce mariage arrangé venait de Madame Gallagher.
C'est ainsi que Annabeth s'est retrouvé fiancée à un homme qu'elle ne connaissait pas, prête à partager le reste de sa vie avec un inconnu. Depuis, Madame Gallagher et sa fille ont emménagées à New York, c'est-à-dire il y a un an et six mois. Annabeth et son fiancé vivent désormais ensemble, suite à la proposition de sa mère.
Le mariage est prévu dans six mois. « Annabeth, je suis tellement heureuse d'être ta demoiselle d’honneur. » Commençait sa meilleure amie, levant son verre de champagne et peinant à rester debout sur le canapé du club.
« Je te souhaite beaucoup de bonheur et d’amour avec le jeune homme qui partagera désormais ta vie. J'espère que vous serez épanouies ensemble. En attendant, comme toute demoiselle d’honneur qui se respecte, j’offre à la future mariée un enterrement de jeune fille dans les règles. Alors, Annabeth, j’ai une surprise pour toi ! » Annonçait-elle avant de rire. Elle attrapait la main de la jeune brune et l’installait sur une chaise au milieu du club où elles étaient, lui bandant les yeux avec un foulard. Les lumières se sont éteintes et la musique a commencé. Du côté des coulisses, Julian se préparait pour entrer en scène. Encore une fois, il ne savait pas pour quelle personne il allait se déshabiller ce soir. Elles allaient et venaient. Son collègue l’avait simplement informé que c’était un enterrement de vie de jeune fille. Quoi de plus classique que de se payer
un stripteaseur pour ce genre d’événement ?